Petite douceur aussi sucrée qu’haute en saveurs, le pain d’épices vous rappellera sans doute le noël alsacien. Au travers des siècles, des continents et des variantes, le petit gâteau se présente aujourd’hui comme indissociable de ce territoire. Mais comment en est-il arrivé là ? Partons ensemble dans la savoureuse histoire du pain d’épices, et de son ancrage en Alsace !
Des origines antiques, et asiatiques
Bien qu’on le rattache communément à la tradition alsacienne, vous vous doutez que le pain d’épices n’a pas fleuri que dans cette région. Pour remonter aux véritables prémisses de ce petit gâteau, il faut une nouvelle fois demander à nos amis Grecs, Romains et Égyptiens (ceux de l’époque antique, bien sûr). Dès l’Antiquité, on retrouve des traces écrites d’un pain cuit et enrobé de miel. Mais ces derniers ne l’utilisaient pas comme nous le faisons aujourd’hui. Si l’on en croit la mythologie des égyptiens, des romains et des grecs, le miel était considéré comme une précieuse denrée : un cadeau divin. Ces petits pains étaient donc naturellement utilisés comme une offrande aux dieux !
On parle donc de « melitouna » en Grèce, pain à base de farine de sésame et enduit de miel, ou encore de « panis mellitus » chez les Romains, un pain frit quant à lui, puis enduit de miel. Mais à l’époque, pas vraiment d’épices telles qu’on les connaît aujourd’hui pour compléter la recette.
Avant l’arrivée en Europe, encore un petit détour. Et cette fois-ci, vers la Chine. Au Moyen-Âge, un pain à base de farine, de plantes aromatiques, d’épices et de miel émerge : le « Mi-kong ». Il aurait alors servi de ration de guerre pour les soldats chinois, comme le suggère sa mention dans des textes du XIIIe siècle. Et ces derniers le répandirent sur le continent arabe. C’est manifestement cette recette qui se rapprocherait le plus de notre pain d’épice contemporain !
L’histoire du pain d’épices en Alsace : son arrivée en Europe
Il ne fallut pas très longtemps pour que les Européens adoptent cette douceur sucrée. Lors des Croisades, ces derniers découvrent à la fois la recette et les épices orientales en elles-mêmes. Et rapportent ces trésors dans leurs différents royaumes. C’est là que l’Allemagne entre en jeu, puisque c’est là-bas que l’on en retrouve les premières mentions. Dans les villes d’Ulm, Munich et surtout Nuremberg, on parle alors de « Lebkuchen », littéralement pain d’épices en allemand.
Mais la France aussi adopte très volontiers le gâteau à la même époque. Il se diffuse par les réseaux monastiques, notamment sur les tables des monastères cisterciens (comme en Allemagne également). C’est à Reims, au XIVe siècle, que s’installent les premiers fabriquants de pains d’épice. Leur recette se base sur de la farine de seigle, du miel et un mélange d’épices.
Et l’Alsace prend également le pas ! On retrouve, dès 1453, des pains d’épices sur les tables de Noël des moines cisterciens. Et le gâteau prend déjà cette petite forme humaine, que l’on retrouve encore aujourd’hui.
Nouvelle star du Noël alsacien
L’association du pain d’épices aux fêtes de Noël alsaciennes découlerait en fait d’une tradition germanique qui consistait à créer de petites maisons en pain d’épices. Vous en avez très certainement déjà vu, décorées de sucre ! Sans oublier le mythique conte des frères Grimm Hansel et Gretel, dans lequel les deux bambins découvrent une maison entièrement faite de bonbons, et surtout de pain d’épices. Ce conte a su jouer un rôle phare dans l’association du pain d’épices à Noël. Et malgré les rebondissements plutôt fâcheux de cette histoire, elle rendit également le gâteau symbole de gaieté, d’imagination et de rêve pour les enfants.
Dès lors, l’Alsace perpétue sa tradition, et se distingue par ses recettes de pain d’épices. Un mélange particulier d’épices et une texture moelleuse caractéristique : les artisans alsaciens sont réputés pour leur pain richement décoré, et artistiquement conçu. À la Renaissance, il devient même un produit de luxe, qui s’offre pour les grandes occasions. Et c’est au 18e, à Strasbourg, que la production atteint son apogée, avec l’apparition de véritables manufactures.
C’est donc par la transmission de ce savoir ancestral et de ces traditions festives que le pain d’épices a su prendre un rôle phare dans la gastronomie alsacienne. Et à Gertwiller (en Alsace bien sûr), un musée du pain d’épices retraçant l’histoire de cette petite star a pris place, sans grand étonnement.
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