On va aujourd’hui parler d’un art à la fois chargé d’histoire et contemporain, la sérigraphie.
On s’explique : art millénaire, inventé en Chine, introduite en Europe ensuite au 18ème siècle et utilisé notamment dans l’industrie des papiers peints. Son évolution au 19ème siècle transforme cet art en ce que nous connaissons (et adorons) aujourd’hui : les magnifiques affiches de publicité dés les années 50 ainsi que le mouvement du pop art (coucou Andy), rien que ça !
Plus tard, la sérigraphie s’industrialise et devient automatique : le processus reste le même mais les bras mécaniques remplacent l’homme.
La Motiferie : l’art d’imprimer (de nouveau) à la main
C’est dans une volonté d’évolution vers une société moderne, soucieuse de la composition et de la provenance de ce qui l’entoure, que la sérigraphie artisanale renaît de ses cendres. Dans ce contexte récent, l’atelier de La Motiferie, porté par son fondateur Joris Piva, renoue avec la beauté de cet art artisanal :
“Des ateliers voient le jour dans les grandes villes du monde. Ils deviennent des lieux de co-working et de rencontre entre artistes. La Motiferie s’est ainsi créée dans un format éco-citoyen : un atelier artisanal et responsable soucieux d’utiliser le plus de produits naturels afin de produire le moins de déchets possible.
Toujours dans une démarche écologique, toutes les encres utilisées par La Motiferie sont à base d’eau. Contrairement aux encres chimiques, plus simples à imprimer, les encres à l’eau sèchent rapidement et requièrent une attention toute particulière. L’inclinaison de la racle, la texture et l’opacité de l’encre, la pression exercée ou encore la texture du papier sont autant de facteurs qui rendent chaque exemplaire unique.”
Une preuve de respect non pas seulement pour la méthode artisanale à l’ancienne mais aussi pour l’environnement donc, on tire notre chapeau !
Ce qui retient particulièrement notre attention, c’est le fait que chaque création soit unique, puisque cette méthode donne un niveau de détails hallucinant à chaque création, tout en étant à chaque fois différente en termes de couleurs et selon la presse de l’encre par la racle.
Un parcours …
En 2012, à Reims, j’ai décidé de donner forme à mes envies créatives. La photographie dans un premier temps. Les choix mis en œuvre dans cet exercice (cadrage, répartition des volumes …) me conduisent alors vers le graphisme. Comme pour tout ce je que j’entreprends, je me consacre pleinement à la construction de mon propre univers esthétique. Ensuite je complète cet exercice en abordant la dimension opérationnelle du graphisme au travers du développement de sites internet. Ma curiosité tonique, mon activité professionnelle (créatif pour une Maison de champagne de premier plan) ainsi que mes voyages m’amènent à m’intéresser à la sérigraphie artisanale. Ce choix de support d’expression évoque également, consciemment ou non, mes racines : j’appartiens à une famille d’artisans carreleurs de génération en génération.
… puis le grand saut
En 2018, j’effectue une formation dans un atelier parisien. Une fois les bases techniques maîtrisées, je souhaite me libérer des contraintes matérielles en créant mon propre outil, adapté à l’espace relativement restreint dont je dispose et soucieux du respect environnemental (encres à base d’eau, papiers choisis avec le plus grand soin…). Après de nombreux mois de réflexion et d’activité, l’atelier de La Motiferie voit le jour. Je peux maintenant donner libre cours à mon imagination, à mes préoccupations (les dégâts écologiques, l’addiction aux réseaux sociaux, entre autres). Ces thématiques vont alors s’enrichir par l’effet du hasard (s’agit-il vraiment d’un hasard ?) : c’est en voyant un carrelage posé par mon père et mon frère, représentant le tracé de rues de Barcelone que j’ai l’idée de sublimer les rues des villes qui me sont proches (géographiquement ou émotionnellement). Elles sont magnifiées sous forme de motifs bicolores aux contrastes puissants.
Vivre l’entrepreunariat
La sérigraphie artisanale étant un marché de niche, ma première fierté a été de construire l’atelier dans son intégralité en utilisant des matériaux naturels. Ensuite, les réseaux sociaux ont été clés dans le lancement de mon entreprise, Instagram est devenu mon terrain de jeu. Il est l’outil parfait pour communiquer et faire renaître des techniques artistiques oubliées. L’aspect ludique et écologique m’a permis de faire des interventions dans les écoles pour apprendre aux enfants ce qu’est la sérigraphie. Nous construisons un atelier de fortune puis nous imprimons une œuvre collective selon les dessins des enfants. C’est probablement ma plus belle fierté que de voir ces enfants repartir avec ce qui doit être leurs premières œuvres.
Prochaine étape pour 2021, une consacration complète à la sérigraphie, une immersion totale dans un atelier Londonien pour se perfectionner. Des rencontres aussi : des collaborations futures on l’espère avec des groupes/personnes partageant ces belles valeurs que prône La Motiferie. Une belle vision pour l’avenir, et des étapes importantes à franchir, avec succès probablement. Comme dirait le grand monsieur Laurent Paganelli, en tout cas on te le souhaite !
On est super fan du rendu sexy des affiches proposées par La Motiferie :