Oserait-on un petit déjeuner français sans baguette ? Symbole de notre pays par excellence, aussi indissociable de l’image du Parisien que la marinière, la baguette de pain n’est pas si cliché que ça au vu de notre consommation. Inscrite non sans un brin de fierté au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, elle est l’icône de l’hexagone, personne ne le démentira. Mais depuis quand ? Partons aujourd’hui dans l’histoire de la baguette française, pour comprendre comment et pourquoi est-ce qu’elle est devenue aussi mythique !
Quelques chiffres
Elle n’a plus rien à prouver puisqu’elle a déjà conquis tous les cœurs. Pour autant, quelques chiffres peuvent mettre en lumière sa popularité. L’institut d’études QualiQuanti, pour la Fédération des Entreprises de Boulangerie Pâtisserie, réalise en 2021 en étude sur la baguette et les français. Déjà, sachez que ce sont 10 milliards de baguettes qui sont vendues et consommées par an en France, soit 12 millions par jour, équivalant à 320 baguettes par seconde. Oui oui. 75% des français déclarent alors manger quotidiennement la baguette ! Sandwichs, tartines ou accompagnant les repas, elle est partout.
Pour suivre la cadence, on recense donc 32 000 boulangeries en France en 2021. Un chiffre en léger déclin depuis quelques années, mais qui équivaut à une boulangerie pour 2000 habitants tout de même. La baguette de pain pèse en moyenne 250 grammes, 200 grammes pour la flûte. Enfin, fun fact, ce sont 71% des français qui déclarent volontiers ne pas attendre d’être arrivés chez eux pour entamer le croûton de la baguette !
C’est donc légitimement qu’elle rejoint les rangs de la gastronomie française à l’UNESCO, le 30 novembre 2022. Les « savoir-faire artisanaux et la culture de la baguette de pain » sont effectivement depuis cette date dans la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Rentrons dans le concret, maintenant. Comment est-elle née, et s’est-elle imposée comme cheffe de table des Français ?
L’histoire de la baguette française : trois légendes se disputent les origines
Comme souvent, histoires et légendes se mêlent, et il convient de mentionner plusieurs potentielles origines de la baguette. Trois légendes différentes, plus précisément.
Commençons par l’histoire napoléonienne. La baguette aurait vu le jour à l’époque de Napoléon, soit au début du 19e siècle. En ces temps, le pain se fabrique en grosses miches rondes, et ce n’est pas la forme la plus adéquate pour le transporter. C’est Napoléon Bonaparte qui aurait alors ordonné qu’on fabrique désormais le pain dans une nouvelle forme : longue et mince, en bâtons. Une nouvelle version plus facile à transporter, se glissant dans les poches des soldats. Parce que dès cette époque, le pain est allégrement consommé.
Deuxième version, qui plaira moins aux plus patriotes : la baguette nous viendrait de la ville de Vienne, en Autriche. Un certain August Zang, boulanger autrichien et précurseur de l’invention du célèbre croissant, aurait installé sa boulangerie viennoise à Paris en 1839. Apportant avec lui, les premiers four à vapeur de France, qui permettait la cuisson plus aérée et plus croustillante du pain. Il aurait alors vendu des pains de forme plus ovales, à la mie blanche et la croûte croustillante. Semblables à nos baguettes d’aujourd’hui.
Enfin, une troisième et dernière légende vient bouleverser les croyances. La baguette viendrait des chantiers du métro parisien, dans les années 1900. Sur cet imposant chantier, des ouvriers venus de toute part sont présents, et les conflits prennent place. Afin de limiter les bagarres et les crimes, et bannir l’arme blanche, on interdit les couteaux. Et en somme, on demande aux boulangers de concevoir un pain qui peut se rompre et se déguster facilement sans couteau !
Mais restez par ici, car la véritable origine serait en fait.. toute autre.
Le véritable développement de la baguette !
Pour être exhaustif, une dernière histoire, qui semble être la plus plausible, doit être mentionnée. En 1920, on adopte une nouvelle loi : celle empêchant les boulangers de travailler entre 22h et 4h du matin. Entrave à leur travail, les boulangers ne pouvaient alors plus proposer un pain frais aux citadins au petit matin. Les miches étant bien trop longues à cuire. C’est alors qu’ils développent ingénieusement cette nouvelle forme, longue et fine, bien moins longue à cuire. Et ce ne serait véritablement qu’à cette époque-là que la baguette se serait démocratisée, et aurait pris son nom.
Fun fact : le mot baguette vient en fait du latin baculum, devenu baccheto en italien, qui signifie bâton !
Désormais emblématique, traditionnelle et immanquable, l’histoire de la baguette n’est pas prête de quitter l’art de vivre à la française !