Histoire de la châtaigne corse

L’histoire de la châtaigne corse, un fruit d’or et de mémoire

Petit joyau de l’Île de Beauté, la châtaigne est liée à la Corse par une histoire séculaire. Plus qu’un simple fruit, elle aura su protéger les populations des famines durant des siècles. Aujourd’hui encore, elle est symbole culturel, gastronomique et partie intégrante de l’histoire de la Corse.

Un développement exponentiel sur l’île

Pour plonger dans cette belle histoire, permettez un retour de quelques siècles en arrière. Effectivement, la présence du châtaignier en Corse ne date pas d’hier, mais remonte plutôt à des milliers d’années. Si les Grecs et les Romains avaient déjà connaissance de ses vertus, ce n’est véritablement que sous l’impulsion des Génois, au 13e siècle, que la culture de la châtaigne prit de l’ampleur sur l’île. En cette période moyenâgeuse, et de famine, les Génois imposèrent aux habitants la plantation de 4 châtaigniers par an. Sous peine d’une amende, à chaque arbre non planté.

Cette plantation massive plus ou moins forcée s’avérera finalement être une véritable réussite. La culture de la châtaigne se développe donc inévitablement sur le territoire durant ces années-là. Jusqu’à s’imposer comme une ressource essentielle de l’alimentation. Transformée en farine, elle devient l’aliment de base, se substituant parfaitement à celle des autres céréales. Présente à tous les repas, sous toutes ses formes, elle sera surnommée le « pain du pauvre ».

Si bien qu’à la fin du 17e siècle, elle donnera même son nom à une région : la Castagniccia. Il existait alors à l’époque à peu près 35000 hectares de châtaigneraies en Corse !

Histoire de la châtaigne corse - région de la Castagniccia
Région de la Castagniccia

Mais ce ne sont pas seulement les avantages nutritionnels du fruit qui plaisent. Les forêts de châtaigniers devinrent un patrimoine précieux pour les Corses, qui se mirent à utiliser son bois pour fabriquer du mobilier en tous genres. Les feuilles de l’arbre, elles-aussi, ont droit à leur moment de gloire puisqu’elles deviennent indispensables pour les cuissons traditionnelles des migliacci. Cuites sur des feuilles séchées de châtaigniers, ces petites galettes corses typiques apparaissent au 18e siècle à Migliacciaru, région où les châtaigniers prospèrent largement.

L'histoire de la châtaigne corse
L’histoire de la châtaigne corse

L’histoire de la châtaigne corse : le déclin de la castanéiculture

Du bois au fruit, en passant même par les jeunes pousses qui grandissent près des arbres, le châtaignier occupe donc une place de choix sur l’Île de beauté, jusqu’au milieu du 19e siècle. À la seconde moitié de ce siècle, se développera également un nouvel attrait : le tan du châtaignier.

Mais l’exode rural, puis la Première Guerre mondiale, sonnent le coup d’arrêt de l’exploitation intensive du châtaignier. Les châtaigneraies se voient peu à peu désertées, et notre star du jour perd peu à peu son rôle majeur dans l’économie de la Corse. L’utilisation industrielle de l’arbre, entre autres, aura décimé environ 10000 hectares. Et dans les années 2000, on estime qu’il restait 15 à 20000 hectares de châtaigniers en Corse.

Si les temps modernes ont quelque peu éclipsé l’omniprésence de la châtaigne dans l’alimentation, ce petit fruit reste un symbole fort de l’identité de la Corse. Et la castanéiculture n’a pas disparu ! La farine de châtaigne a obtenu le label de qualité AOC en 2006, suivie de l’AOP « Farine de châtaigne corse » en 2010. Bien plus qu’un simple fruit, elle est un fragment d’histoire, et un héritage noble pour les producteurs et artisans.

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