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Lyon et la soie : retour sur un héritage passionné

Que serait Lyon sans sa fameuse soie lyonnaise et ses canuts ? Autrefois érigée au rang de capitale de la soie grâce au savoir-faire reconnu des soyeux lyonnais, entre Lyon et la soie c’est une histoire d’amour qui dure.

Décryptage de son histoire.

Les prémisses des Fabriques à Lyon

atelier canuts
Un atelier de canuts

Tout cet héritage nous précède bel et bien. Étendue sur plus de cinq siècles, l’histoire de la soie à Lyon débute à la Renaissance, sur les bords de Saône.

En 1419, on doit au Dauphin, alors futur Charles VII, le développement des foires de Lyon qui permettent l’installation de marchands de tissus. Ces manifestations contribuent à édifier Lyon en tant que plaque tournante des échanges commerciaux au sein du royaume.

Alors que la soie était jusque-là avant tout fabriquée en Provence, en 1466, Louis XI décide pourtant de délocaliser la production de soie à Lyon. Cette décision est motivée par la proximité de Lyon avec l’Italie, alors le principal fournisseur de vers à soie. Sa situation géographique favorable a donc permis à Lyon de devenir un lieu économiquement stratégique.

Il faudra toutefois attendre le règne de François 1er pour assister à l’instauration de la “Fabrique” lyonnaise sur décision royale.

La “Fabrique” comprend l’ensemble du secteur soyeux, c’est-à-dire toutes les étapes de la fabrication et de la vente d’un tissu à partir de la soie grège. À savoir la filature, la création d’un motif, le tissage et l’apprêt jusqu’à la commercialisation.

Ce premier élan industriel prospère est cependant interrompu par les guerres de religion.

L’apogée de l’industrie de la soie à Lyon

metier à tisser
Authentique métier à tisser

Au début du XVIIème siècle, l’introduction du métier à la tire permet à la Fabrique d’appréhender la technique des tissus à motifs.

Du XVIIème au XVIIIème siècle, l’industrie de la soie est mécanisée sous l’impulsion des soyeux lyonnais. Cette initiative des “marchands-fabricants” de la soie a participé à faire de cette industrie la première richesse économique de la ville de Lyon.

En 1788 on dénombre pas moins de 15 000 métiers à tisser et près de 28 000 personnes employées par la filière, notamment les canuts qui sont des ouvriers tisserands.

Au XVIIIème siècle, la soie est terriblement à la mode ! Propulsée par l’intérêt de la Régence, de Madame de Pompadour et de Louis XV, ces commandes exceptionnelles contribuent à l‘apogée de l’industrie de la soie lyonnaise.

La productivité s’améliore grâce à de multiples innovations techniques, dont l’arrivée de nouveaux métiers à tisser ou encore l’essor de la chimie qui permet l’élaboration de nouvelles teintures.

À cette époque, les peintres et dessinateurs sur soie lyonnais accèdent à la reconnaissance grâce à leur style qui fait mouche. C’est en fait le siècle d’or de la “fabrique”.

En effet, Lyon devient alors la capitale mondiale de la soie et s’impose face aux autres industries soyeuses d’Europe. La ville exporte ses tissus dans le monde entier, faisant de Lyon la plus puissante industrie exportatrice française sous le Second Empire.

Malgré la Révolution française qui porte un coup à la production, la soierie lyonnaise a tout de même profité du développement du régime impérial sous Napoléon.

En 1868, l’industrie de la soie à Lyon représente les ¾ de l’économie locale avec 400 entreprises et 105 000 métiers à tisser.

La soie à Lyon : extinction et héritage

Si les premières difficultés apparaissent dans les années 1880, après les révoltes des Canuts l’avènement des textiles artificiels va supplanter progressivement la production industrielle lyonnaise de soie.

L’industrie soyeuse s’effondre dans les années 1930 et, en dépit de nombreuses tentatives de relance après la Seconde Guerre Mondiale, l’activité dans la ville se trouve réduite à la haute couture et à la restauration de tissus anciens. De plus, la crise économique des années 30 affaiblit considérablement l’industrie lyonnaise de la soie.

À l’heure actuelle, seule une petite dizaine de fabricants perpétue la tradition, notamment les maisons Brochier, Tassinari, Chatel ou Prelle. On retrouve également des artisans sur les pentes de la Croix-Rousse qui utilisent encore cette matière noble dans leurs créations.

De nos jours, malgré la concurrence italienne et asiatique, la soie lyonnaise reste très utilisée et reconnue dans le prêt-à-porter, la lingerie, l’ameublement et la dentelle.

  • Néanmoins, l’histoire de la soie et des Canuts participe encore et toujours à la trame du patrimoine lyonnais. En témoignent les nombreux musées et événements qui illustrent ce passé.

Pour être incollable sur le sujet, on retrouve notamment : le musée Gadagne, le musée des Tissus, la Maison des Canuts. Mais également, l’association lyonnaise de sauvegarde du patrimoine de la soie La Soierie Vivante, l’atelier La Soierie Saint-Georges et bien-sûr le festival Silk in Lyon.

Autre tissu, autre histoire, vous aviez lu notre article sur la dentelle de Calais ?

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