S’il y a une boisson de prédilection en période de fêtes, c’est bien le champagne. Malgré l’offre de pétillants, alcools et autres boissons sur le marché, ce dernier semble véritablement avoir acquis les faveurs des Français, puisque profondément affilié au patrimoine national. Désormais vous saurez tout sur l’histoire du champagne et de ses petites bulles festives qui, on prend les paris, vont trôner en évidence sur bon nombre de tablées de fêtes.
Les origines du vignoble Champenois
Les premières vignes en Champagne ça ne date pas d’hier. Pour cela un (petit) saut dans le temps s’impose, pour revenir à l’époque des Gaulois.
Notre douce Champagne actuelle était alors habitée par les Rèmes. Une population qui s’est ralliée au non moins célèbre Jules César bien avant l’invasion de la Gaule.
Réputés pour être des amoureux de vin, les Rèmes en achetaient un peu, beaucoup, passionnément, en particulier aux Romains. Le vin domestique existait alors en Champagne dès le Ier siècle.
C’est dire qu’on avait le sens de la fête bien avant nous !
Le Ier siècle permet donc d’établir formellement la présence de traces d’activité viticole dans la région champenoise.
D’ailleurs, le vignoble va y connaître une expansion grandissante et rapide.
Et ce, notamment grâce au développement des foires de Champagne, qui constituaient alors, le cœur névralgique de l’économie en Europe au Moyen-Âge.
Mais aussi en raison de sa situation géographique orientée vers le Nord.
Hors de la Champagne, la culture de la vigne devient impossible, faisant ainsi de la région le lieu d’approvisionnement de tout le nord de l’Europe.
Après une période de ralentissement contrainte et forcée par la dévastatrice guerre de Cent Ans, l’essor du vignoble reprend de plus belle dès la fin du XVème siècle.
Au XVIème siècle, un édit voté par le Parlement de Paris a été déterminant. Il interdisait aux cabaretiers parisiens de s’approvisionner dans un rayon inférieur à 90 km autour de Paris.
Cette décision politique a constitué une véritable aubaine pour la Champagne qui se situait alors in extremis.
L’histoire du champagne : un avènement généralisé
Si on vous dit que l’avènement de la méthode champenoise est une affaire de moines, vous y croyez ? Et pourtant, certains moines comme Dom Pierre Pérignon, moine bénédictin de l’Abbaye d’Hautvillers ou le Frère Oudart de l’abbaye Saint-Pierre-aux Monts à Pierry n’y sont pas complètement étrangers. Au contraire, ils ont joué un rôle tout à fait crucial dans la reconnaissance du Champagne.
Crédits photos : https://www.eccevino.com/magazine/dom-perignon-inventeur-du-champagne/
https://maisons-champagne.com/fr/encyclopedies/personnalites-du-champagne/hommes-de-dieu/article/frere-oudart
À ces époques, l’assemblage des vins relevait davantage du hasard. Dom Pierre Pérignon, quant à lui, voit la complémentarité qui peut exister entre différents vins. Ainsi, en véritable précurseur, il commence à pratiquer des assemblages mûrement réfléchis. Il parvient donc à réaliser des vins plus équilibrés, plus aboutis et en cela de meilleure qualité.
Tandis que lors de la seconde moitié du XVIIème siècle, la Champagne met au point une nouvelle technique de pressurage. Laquelle est douce et fractionnée. Cette révolution technique permet dorénavant une prouesse, à savoir de réaliser des vins blancs à partir de raisins noirs.
Ensuite, les années 1670-1720 constituent un tournant sans précédent dans l’histoire des vins de Champagne. En effet, c’est à cette époque décisive que l’on choisit volontairement d’y produire des vins mousseux.
Tout d’abord, parce qu’il s’agit de la première fois qu’on élabore des techniques spécifiques pour réaliser des vins effervescents. De plus, étant donné que produire un vin dans un territoire décisif et identifié comme tel relève aussi de la nouveauté.
Effectivement, jusqu’au Moyen-Âge il était encore question de « Vin de France » comprenant alors les vins dans leur généralité. Ainsi, c’est seulement à partir de 1690 qu’on parle sans équivoque de « Vins de Champagne ».
Symboles, pérennité et gloire dans l’histoire du champagne
Que serait le champagne sans sa bouteille aguicheuse et son bouchon fétiche ?
C’est en 1685 que le bouchon de liège apparaît pour la première fois en Champagne.
Aussi, les progrès de l’industrie du verre survenant au XVIIème siècle vont permettre de fabriquer des bouteilles en verre plus épaisses et donc plus résistantes.
Les bouteilles ne servent alors plus qu’au service mais également à pallier aux aléas de la conservation du champagne. Ce dernier peut ainsi profiter d’une effervescence prolongée, qui était jusque là éphémère. La faute au mode de conservation en tonneaux !
Très vite, le pétillant qui fait la particularité de cette boisson rencontre un franc succès auprès de l’aristocratie. Sa consommation promue par les élites contribue à donner aux vins de Champagne une image de vin de luxe.
Les premiers marchands de Champagne vont ensuite s’établir à Épernay, Aÿ et dans la bien connue ville de Reims. On compte alors parmi les plus connus Bertin du Rocheret, Chertemps, Drouin de la Viebille ou encore de Partelaine.
C’est dès le XVIIème siècle que vont naître des Maisons de Champagne, averties dans l’élaboration de ce précieux vin effervescent. Vous y retrouverez bien des noms devenus iconiques tels que Ruinart, Chanoine, Moët, Vander-Veken, Delamotte, Dubois. Ou encore Veuve Clicquot pour ne pas tous les citer.
Une crise foudroyante et un impératif de préservation du Champagne
Mais la prospérité du vignoble champenois va, comme beaucoup d’autres, subir un contrecoup avec l’arrivée du phylloxéra en Europe en 1863.
Ce puceron attaque les racines de la vigne et occasionne la mort du plant. Près des 60 000 hectares de vignoble champenois vont ainsi se retrouver détruits, provoquant une crise sans précédent.
Néanmoins, face à l’adversité, les Vignerons et Maisons principales possédant des vignes réalisent l’importance de protéger leur patrimoine commun. Ils fondent ainsi l’AVC pour l’Association Viticole Champenoise en 1898.
Elle va avoir pour but de reconstituer la superbe du vignoble champenois en greffant la vigne sur un système racinaire résistant à l’insecte.
Cette méthode a l’avantage de préserver la qualité ancestrale des vins tout en résistant aux sols crayeux de la région et aux maladies.
Dès le XXème siècle, les Champenois vont multiplier les recours pour s’assurer de la préservation de leur patrimoine exceptionnel et de son exclusivité.
Ainsi, dès la fin du XIXème siècle, ils vont mettre en place des règles pour protéger la région et se prémunir de l’usurpation de leur très cher patrimoine.
En 1887, un arrêt de la Cour d’appel d’Angers leur donne raison en attribuant la propriété du mot « Champagne » exclusivement aux vins issus de la Champagne.
Sur cette lancée, en 1905, ils demandent au ministère de l’Agriculture la délimitation de la « Champagne viticole » ainsi que l’exclusivité du nom Champagne aux vins « récoltés et manutentionnés complètement dans la Champagne viticole ».
La création de l’appellation d’origine contrôlée (AOC) en 1935 et l’ajout de l’appellation Champagne dès l’année suivante finit d’encadrer au mieux ce patrimoine.
Le Champagne a encore connu des années folles, étant le fruit de plus de 300 ans d’histoire. Bien ancrée dans les subtilités de son époque, dès 1982, la Champagne commence à instaurer des principes de développement durable à l’échelle du vignoble.
Vous reprendrez bien une coupe de patrimoine ? Et si, en 2015 l’UNESCO a bel et bien voté et à l’unanimité s’il vous plaît, l’inscription des « Coteaux, Maisons et Caves de Champagne » sur la Liste du patrimoine mondial. Et ce, dans la catégorie des « Paysages culturels évolutifs vivants ». Soit la reconnaissance de la valeur universelle exceptionnelle du paysage culturel viticole de Champagne, et en cela la consécration ultime du travail des Champenois.
Alors, vous êtes maintenant incollables sur l’histoire du champagne ?
Curieux ? Ou tout simplement envie d’en apprendre plus sur l’origine de nos plats français bien aimés ? Notre article est fait pour vous !