histoire de la coutellerie de Thiers

Thiers, une histoire de coutellerie à la française

Située dans le Puy-de-Dôme, face à la chaîne des Puys et en plein cœur du Parc naturel régional Livradois-Forez, la ville de Thiers n’a rien à envier aux autres. Pas peu fière de sa contribution à cet héritage français, la cité auvergnate arbore fièrement six siècles d’histoire de la coutellerie. Avis aux esprits aiguisés. Aujourd’hui, vous saurez tout sur l’histoire de la coutellerie à Thiers.

Les débuts prometteurs de la coutellerie à Thiers

La coutellerie coule de beaux jours à Thiers et cela ne date pas d’hier. En effet, l’origine de cette spécialisation remonterait au Moyen-Âge. Une légende soutient que les croisés auvergnats auraient rapporté le secret de la fabrication du métal d’Orient.

Plus raisonnablement, la trentaine de couteliers référencés dans les registres d’impôts de l’époque établit l’existence de la coutellerie thiernoise depuis le XVe siècle. Ensuite, en l’espace d’un siècle, ils seront deux cents.

Pourtant, rien ne prédestinait la ville auvergnate à un tel destin. Notamment en raison du fait que sur place, elle ne comporte ni mine de fer ou d’acier et encore moins de carrières de grès pour les meules.

Histoire de la coutellerie de Thiers
Histoire de la coutellerie de Thiers

Alors, comment ? On n’y trouvait pas ces composants, certes, mais il y avait la Durolle. Cette rivière dont la force hydraulique fournira l’énergie nécessaires aux moulins et usines des couteliers. Ainsi, dès le XVIIe siècle, les couteaux fabriqués à Thiers prennent le large et s’exportent. Allant des ports de Bordeaux et Nantes, en passant par l’Espagne et l’Italie, jusqu’au Levant.

Mais c’est réellement au XIXᵉ siècle que cette coutellerie va connaître un véritable essor. En 1855, l’activité coutelière fait vivre pas moins de 25 000 personnes. Les ateliers étaient alors installés au bord de la Durolle dans la « Vallée des Usines », également appelée « le Creux de l’Enfer ». Ce surnom très imagé et peu flatteur renvoie en fait à la rudesse du travail, dont pouvaient témoigner les « Ventres jaunes ».

Ces centaines d’émouleurs, littéralement couchés sur le ventre au-dessus des meules, une position propre à l’activité coutelière française. Et avec un petit chien allongé sur leurs jambes pour leur tenir chaud.

Le Creux de l'Enfer à Thiers
Le Creux de l’Enfer à Thiers

Histoire de la coutellerie de Thiers : un gage de qualité et une reconnaissance qui perdure

Cette localisation avantageuse permettait au moins aux entreprises de bénéficier pleinement de cette source d’énergie vigoureuse. Laquelle leur permettait de produire et fournir massivement les quincailliers grossistes de France et de Navarre. Et ce, grâce à une organisation du travail basée sur la parcellisation, soit l’éclatement du travail entre divers ateliers qui n’effectuent qu’une étape de la fabrication.

Encore de nos jours et malgré le départ des entreprises des rives de la Durolle, cette industrie influe toujours dans la renommée nationale et internationale de Thiers. Dans une réalité aujourd’hui différente, elle continue de produire 70% de la consommation française de couteaux. C’est plus de 60 structures installées dans les zones industrielles du bassin thiernois !

Une des particularités de la coutellerie thiernoise réside dans la production et la fabrication de couteaux de région. D’ailleurs, vous connaissez sûrement le plus connu d’entre eux, qui est le « Laguiole », tiré du nom d’un village de l’Aveyron. Laguiole, une appellation qui fait d’ailleurs débat depuis des générations, notamment entre les couteliers de Thiers et ceux de Laguiole.

Couteaux Laguiole
Couteaux Laguiole

Finalement, en 1994, la boucle est bouclée avec la création du « Thiers® » qui a vu le jour grâce à la Confrérie du Couté de Tié. Il se différencie par sa ligne, l’apposition de son nom sur la lame, son poinçonnage reconnaissable, ainsi qu’un cahier des charges strict et qualitatif, gage de sécurité pour le consommateur.

Vous l’aurez bien compris, de l’eau a coulé sous les ponts, mais Thiers reste incontestablement la capitale du couteau. Réunissant environ 100 couteliers et 60 sous-traitants à la pointe de leur art. Elle abrite aussi le musée de la coutellerie. Avec, parmi eux, la Coutellerie Chambriard, la Coutellerie Robert David, ou encore le maître coutelier Claude Dozorme depuis 1902.

Une autre ville, une autre histoire, suivez le guide pour tout savoir de l’histoire d’amour qui unit Lyon à la soie !

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