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L’Histoire de ces 5 expressions françaises

Elles passent parfois inaperçues, sans même que l’on ne se pose la question de leurs origines. Les expressions françaises, tantôt explicites, tantôt capillotractées, possèdent chacune une histoire bien à elles. Aujourd’hui, on vous propose de découvrir l’histoire de ces 5 expressions françaises, aux origines insoupçonnées !

« L’argent n’a pas d’odeur »

L’argent ne fait pas le bonheur, soit, mais surtout, l’argent n’a pas d’odeur. Mais d’où vient cette expression ? Bien qu’on en démêle facilement le sens, son explication est plus surprenante qu’il n’y paraît. Elle tire en fait son origine d’un événement historique de l’époque romaine, plus précisément sous le règne de l’empereur Vespasien.

L'argent n'a pas d'odeur - pièces de monnaie
L’argent n’a pas d’odeur

En l’an 69 après notre ère, Vespasien devient empereur après le suicide de son prédécesseur Néron. Ce dernier ayant laissé les caisses de l’Empire à sec, Vespasien se voit contraint de trouver un moyen rapide de les renflouer. Il eut alors l’idée d’instaurer un certain nombre de taxes : parmi elles, le chrysargyre. Cet impôt s’étend alors à un commerce bien particulier : celui de l’urine.

Collectée dans les toilettes publiques puis vendue aux teinturiers et aux drapiers, l’urine était effectivement une précieuse denrée à l’époque. Cette mesure valut à l’empereur un grand nombre de moqueries. Du peuple d’une part, mais aussi de son fils Titus. Vespasien lui mit alors une pièce de monnaie sous le nez, en lui répondant « L’argent n’a pas d’odeur ».

Les parisiens rendirent d’ailleurs hommage à Vespasien au XIXème siècle, en baptisant leurs urinoirs publics vespasiennes.

Ainsi, tant que l’argent remplit les caisses, peu importe sa provenance !

L’histoire de ces expressions françaises : « Être le dindon de la farce »

Jamais très agréable, être le dindon de la farce est une expression que nous connaissons tous. Nous l’employons surtout pour signifier quelqu’un qui s’est fait berner, duper ou même ridiculiser. Mais alors, y a-t-il vraiment un lien entre cette expression et le dindon que l’on remplit de farce à Noël ? Vous seriez surpris !

Être le dindon de la farce - dindon
Être le dindon de la farce

Deux hypothèses s’offrent à nous. Bien qu’elles diffèrent, certains éléments se retrouvent. Dans l’imaginaire collectif, depuis longtemps, le dindon n’a pas forcément une symbolique très flatteuse. Le gallinacé est souvent moqué pour sa démarche disgracieuse, son cou rouge et sa tête dégarnie. La farce, quant à elle, est un genre théâtral comique et légèrement grossier, qui remonterait à l’Antiquité.

Une première hypothèse, moyenâgeuse, suggère des origines issues de ces comédies bouffonnes médiévales. Parmi les personnages de ces pièces, on surnommait le comique « père dindon ». Ce dernier était ridiculisé, dupé par ses enfants. C’est ainsi que seraient nés les « dindons de la farce ».

Mais une seconde hypothèse, moins cocasse, est également à prendre en compte. L’expression serait en fait tirée d’un spectacle barbare très en vogue dans les foires parisiennes du XVIIIème siècle, appelé ballet des dindons. Des dindons étaient placés sur une plaque métallique progressivement chauffée, obligeant les volailles à sauter pour ne pas se brûler les pâtes. Cruel spectacle, mais qui faisait beaucoup rire le peuple ! Cette « comédie » aurait alors donné l’expression.

Le parallèle entre la farce (la comédie) et la farce (la garniture) aurait été fait par la suite, dans un seul but humoristique. Ces deux hypothèses nous offrent ainsi clairement le sens de notre expression actuelle : se faire duper et être la risée de tous.

« Poser un lapin »

On s’est sans doute tous déjà fait poser un lapin à un moment. Poser un lapin à quelqu’un, c’est l’action de ne pas se présenter à un rendez-vous, on ne vous apprend rien. Mais pourquoi parler de cet animal ?

Poser un lapin - histoire expressions françaises
Poser un lapin

Pour le comprendre, retour au XIXème siècle. À l’époque, le terme « poser » signifiait « faire attendre ». On nomma alors lapins les hommes qui refusaient de payer après des relations tarifées et consenties. Pourquoi ? Par allusion au lapin posé sur les tourniquets des jeux de foires, qu’on ne gagnait jamais malgré ses efforts. Ainsi, le poseur de lapin qualifie à l’époque l’homme incapable de payer une femme qui lui a vendu ses faveurs.

Là encore, il convient de mentionner une seconde hypothèse, suggérant que l’expression remonterait en fait au XVIIème siècle. Un lapin est à ce moment là une histoire fantasque, fictive et invraisemblable. L’expression poser un lapin serait alors apparue pour « raconter des blagues et donner de faux rendez-vous amoureux ».

Quoi qu’il en soit, l’expression n’a donc aucun lien avec l’animal !

« Joindre les deux bouts »

Relatif à la gestion de notre budget, joindre les deux bouts signifie communément que les revenus d’un mois ont suffi à couvrir les besoins jusqu’au mois suivant. Plus souvent utilisée à la négative pour évoquer ses difficultés financières, l’expression prend en tout cas des origines anciennes, et assez inattendues.

Joindre les deux bouts - collerette
Joindre les deux bouts

Au XVIème siècle, un phénomène de mode apparaît : la collerette. Bordée de petits plis de dentelle, la collerette fait tellement fureur qu’elle devient, en 1560, un accessoire entièrement détaché des chemises et des robes, appelé « fraise ». Réservée à la bourgeoisie, on perçoit rapidement la fraise comme signe de richesse et de réussite. Avec la démesure de l’époque, rien d’étonnant au fait qu’apparaissent peu à peu de très imposantes collerettes.

Les serviettes de tables, quant à elles, se portaient également autour du cou lors des festins. Mais les nobles n’entendaient certainement pas retirer leurs fraises durant les repas ! La serviette s’avérait donc être trop petite pour être attachée au-dessus des fraises des nobles, qui avaient du mal à joindre les deux bouts.

L’histoire de ces expressions françaises : « Pleurer comme une madeleine »

On l’utilise pour évoquer des pleurs à chaudes larmes, parfois même un peu excessifs, d’où cette petite connotation péjorative. Mais qui est cette fameuse Madeleine ? Ici, pas d’histoire relative à Proust, et même aucun lien avec le petit gâteau traditionnel lorrain. Mais des origines bibliques.

Dans la Bible, Marie-Madeleine est une ancienne prostituée qui rencontre Jésus et lui confesse tous ses péchés. Sauf que la jeune femme pleure, encore et encore, jusqu’à arroser les pieds du Christ avant de les sécher avec ses cheveux. Dans un autre passage, c’est également elle qui fond en sanglots devant le tombeau de Jésus, qui l’interrogea d’ailleurs sur ses pleurs incessants.

Ainsi, l’image de Marie-Madeleine fût associée naturellement au caractère inépuisable d’une crise de larmes, notamment en littérature. C’est à Honoré de Balzac que nous devons réellement l’entrée de l’expression dans le langage courant, écrivant « Je restai dans ma chambre à pleurer comme une Madeleine, au coin de mon feu. » dans La Comédie Humaine. On a abandonné ainsi la majuscule et le mot Marie, pour aboutir à notre expression contemporaine.

Vous saurez donc comment briller lors des conversations ! Pour ne pas s’arrêter en si bon chemin, découvrez maintenant l’origine de ces 5 autres expressions françaises.

2 réponses

  1. Il me semble peu probable que l’origine de l’expression “dindon de la farce” date du moyen-âge, vu que le dindon est arrivé des Amériques en XVI siècle. Le moyen-âge, quant à lui, a pris fin au XV siècle.

    1. Bonjour,
      Dès 1380, on identifiait par “poulle d’Ynde” (gallina de India) la pintade, qui vivait alors en Abyssinie. Rien à voir donc avec les dindons que l’on connaît maintenant. À l’instar des “indiens d’Amérique”, les dindes font aujourd’hui l’objet de ce qu’on peut considérer comme une erreur d’interprétation géographique.

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