Si vous connaissez un peu Toulouse ou les environs, il ne vous aura pas échappé que la ville rose porte une seconde couleur dans son cœur : le bleu pastel. Aujourd’hui un peu oubliée, cette plante à fleurs jaunes a pourtant fait rayonner le Lauragais à travers le monde ! Mais quelle est l’origine de son arrivée et son expansion à Toulouse ? Retour sur l’histoire du mariage entre Toulouse et le pastel, l’or bleu de la ville rose !
Le pastel, découverte antique
Depuis l’Antiquité, l’Isatis Tinctoria, soit le pastel, est utilisé et apprécié pour ses propriétés médicinales. Mais aussi, pour l’intense couleur bleue qu’elle offre. Les Égyptiens, comme souvent, avaient déjà largement consommé l’idée avant nous. Et ce ne sont que des années plus tard, au Moyen-Âge, que la fleur aurait été introduite en Europe. On raconte que les Celtes et les Gaulois s’enduisaient le visage de cette couleur bleue, à la manière des peintures de guerre !
Mais pour obtenir ce bleu divin, le processus de transformation est relativement long, surtout à l’époque. Après avoir été récoltées, les feuilles sont mises à sécher, broyées puis laissées fermentées. À l’issue de ces étapes, elles sont enfin mises en boules, appelées « coques » ou « cocagnes ». Ainsi naît donc, très poétiquement, le « Pays de Cocagne », nom attribué au territoire du Lauragais lorsque la plante, quelques siècles plus tard, s’y insérera.
À noter que, comme souvent, la réelle étymologie du Pays de cocagne fait débat, et trois possibilités s’offrent à nous. Certains attribuent son origine à un texte médiéval français, le Fabliau de Coquaigne, quand d’autres misent plutôt sur un dérivé de l’italien cuccagna (le canton). Mais selon certaines sources, la cocagne est bel et bien cette boule de feuilles écrasées à la main par les cultivateurs de pastel !
L’histoire de Toulouse et du pastel : la fleur pose pied en Occitanie
Bien que son utilisation ne date donc pas d’hier, l’âge d’or du pastel, en France, débute à la Renaissance. Au début du 15e siècle, le Lauragais est encore très pauvre. Il deviendra pourtant terre de prédilection de notre star du jour.
Comme dit plus haut, le processus de fabrication du pastel est long et fastidieux. Il nécessite déjà une très importante main d’œuvre, chargée de récolter les feuilles à la main. Mais il s’agit ensuite de les laver, puis de les écraser au moulin pastelier. Un savoir-faire particulier, assez précis, qui permettra aux communes l’ayant acquis de se développer et de briller dans sa fabrication ! Et c’est aussi le climat, mi-méditerranéen, mi-océanique, qui plaît beaucoup à notre Isatis Tinctoria.
Le pays de Cocagne devient le chef de file du commerce européen, et fait office d’un véritable carrefour. Toulouse et les alentours, Albi notamment, exportent un peu partout dans le monde, et s’enrichissent donc très largement, durant tout ce siècle là. Tous les commerçants toulousains se mettent sur le marché de cet « or bleu », et le développement économique de la région est sans précédent.
Et c’est une vraie success story que connaît la plante. De ce siècle d’or, Toulouse garde aujourd’hui certains sublimes témoignages. L’hôtel Assézat par exemple, ou encore l’hôtel de Bernuy, de sublimes hôtels particuliers construits en l’honneur de ces riches commerçants. Des édifices devenus joyaux de la Renaissance, qui doivent donc beaucoup à cette petite fleur. C’est même un très grand nombre d’hôtels toulousains qui reposent sur la fortune pastellière !
Le déclin, mais le retour
Mais hélas, les belles choses ne durent pas éternellement. L’arrivée des guerres de religion, mais aussi et surtout la découverte du bleu indigo rapporté des Indes par les Espagnols et les Portugais, compromettent largement cette célébrité. Bien plus rapide et facile à transformer, l’indigo, une plante tinctoriale, vole la vedette à la fleur de pastel.
Mais aujourd’hui, fort de son passé, l’Occitanie n’a pas fait ses adieux au pastel. C’est même une petite renaissance pour la plante, récupérée et de nouveau travaillée par des artisans locaux. L’Office de Tourisme de la ville rose propose d’ailleurs une visite guidée, nommée « Bleu Pastel », qui fait découvrir le patrimoine et les boutiques en lien avec le pastel. Et bien sûr, existe désormais le Muséum du pastel !
Épisode incontournable de l’essor de Toulouse, l’or bleu n’a donc jamais vraiment mis les voiles !
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2 Responses
merc pour toutes ces précisions intéressantes sur une plante et un commerce générateur de travail pour beaucoup et de très grandes fortunes et cependant ignorés de la plupart des Français. Suis seulement un peu surprise que le nom de Cordes dont je croyais la prospérité et l’étonnant patrimoine urbain fondé sur le pastel, n’apparaisse pas .Mais peut être que je me trompais car je vois que l’histoire de Cordes ,telle que racontée par le site de la ville , n’y fait pas référence
bravo pour votre beau travail d’information M Jeorger
Merci à vous pour votre commentaire ! Nous sommes ravis que notre article vous ait plu !